Cette histoire-là a jailli en moi à l’âge de 17 ans, alors que l’écologie était encore très loin de faire partie de nos préoccupations. J’ignore ce qui a prévalu à cette naissance. Mon caractère rebelle, peut-être, déjà très critique envers le monde adulte. Ou mon amour de la nature, avec laquelle je rêvais de développer un lien privilégié. Toujours est-il qu’à l’époque le sujet n’intéressait personne. D’urgence on ne parlait point. L’écologie était perçue comme un gros mot, prononcé pour emmerder le monde et gâter le plaisir du confort et de la consommation.
Cette histoire a donc dormi dans mes tiroirs pendant près de trois décennies. Je l’ai laissée de côté, tout en maugréant contre la voie que nous étions en train de prendre, et dont nous refusions de voir qu’elle allait nous mener, à coup sûr, droit dans le mur. Et puis, en 2016, mon éditrice m’a réveillée : « Stéphanie, La 3e guerre est sortie depuis deux ans, qu’as-tu d’autre à proposer ? ». Les Enfants de Pangée se sont imposés comme une évidence. La jeunesse commençait à s’agiter, à faire part de ses angoisses et de son mécontentement. Il était temps de la doter de ses propres héros, dans lesquels elle pourrait se retrouver et puiser force de persuasion et modes d’action.
L’écriture s’est étirée sur 24 mois. Elle est devenue une obsession. Ses personnages m’accompagnaient partout, continuellement. Ils surgissaient dans mon esprit alors que je cherchais à leur échapper, investissaient mes nuits et harcelaient mes jours, comme s’ils exigeaient de naître, de vivre, d’exister.
Ces Enfants sont toujours, et peut-être même plus encore, d’actualité. Leur combat a gagné une partie de leurs aînés, mais pas encore assez. Leur angoisse a été entendue, mais de façon bien trop ténue. Ils prennent d’assaut notre conscience, mais se heurtent à un mur. J’ignore si la trilogie pangéenne prendra la voie de la prédiction. Nous passons pourtant notre temps à le répéter à nos enfants lorsqu’ils se refusent à nous écouter et trébuchent : « Je te l’avais bien dit ». Sans doute le moment est-il venu de les entendre à notre tour.