Capitaliser sur les malheurs pour rester inspirée, refuser le bonheur pour éviter de s’ennuyer : tel est le mode de fonctionnement de Lucie, auteure de théâtre qui ne sait parler que d’elle et du monde réel, et dont la vie, après avoir constitué une source de narration formidablement houleuse, se révèle désormais tragiquement merveilleuse. Alors qu’elle doit livrer un texte dans trois mois, la voilà qui se retrouve confrontée à la page blanche, le néant de l’enchantement, la désespérance d’une existence dénuée de drames.
Comment ne pas la comprendre ? En tant que spectateurs, vous sentiriez-vous transportés par une histoire plane et tranquille, où tout est rose et facile ? Non. Nous aimons aller au théâtre, au cinéma, ou dans des librairies, parce que c’est là que nous trouvons de quoi nous comparer, de quoi nous alimenter, de quoi nous réinventer. C’est là que nous allons chercher notre propre inspiration, pour épicer, résoudre et transformer.
Tout ce que vous voulez explore le rapport de l’auteur à son monde, à sa vie, mais pas seulement. Il s’agit aussi d’une pièce sur l’amour. Mieux : il s’agit d’une pièce sur l’alchimie. D’où vient-elle cette attraction inexplicable qui rapproche deux êtres que tout sépare ? Pourquoi se sentent-ils attirés l’un vers l’autre, alors que leur raison leur ordonne de garder leurs distances ?
Un double mystère imprègne cette histoire, qui repose sur deux piliers : le texte et le jeu des acteurs. Afin de mettre en avant le premier, j’ai choisi une scénographie épurée. Afin de valoriser le second, j’ai opté pour une mise en scène empreinte de naturel. Ainsi décomplexé, le jeu des acteurs peut laisser éclater la puissance des mots, se nourrir des regards et s’appuyer sur les corps pour exprimer les non-dits.
Embarqués dans leur histoire, nous nous retrouvons pris dans le piège de leurs aspirations, et redécouvrons le pouvoir catalyseur des sentiments et de l’inspiration.