L'humanité est-elle condamnée à échouer ?
Par stephaten | Le 16/02/2021
Elle n’a que quelques millénaires d’existence, il est vrai. Elle n’est encore qu’une enfant de la vie, livrée à elle-même, exempte de toute référence ou modèle équivalent. Elle grandit seule et en totale liberté, dans un monde parfait dont elle est censée s’inspirer. Et...
Depuis sa naissance, elle expérimente. Elle progresse aussi, parfois, mais dégringole continuellement de sa propre pente. D’ères en civilisations, elle a testé plusieurs versions d’elle-même, mais répète inlassablement les mêmes erreurs. Des erreurs ancrées dans un cerveau reptilien qui continue de la guider avec force et l’empêche de grandir.
Condamnée à rester infantile.
Domination et prédation, instinct de survie et de conquête, toutes ces lois qui régissent la nature à l’état brut et qui garantissent la pérennité des espèces, se muent en calamité lorsqu’il s’agit de l’Homme. Bénéficiant d’une place à part dans la chaine de la vie, il a les capacités d’en prendre le contrôle. Mais un enfant ne devrait jamais se voir confier de tels pouvoirs.
Les millénaires ont eu beau défiler, nos civilisations ne sont jamais parvenues à s’extirper d’un mode de fonctionnement pyramidal. Inspirées de la sélection naturelle (les meilleurs règnent), nos organisations sociétales reproduisent crânement le schéma sans réaliser que notre défi réside justement dans notre affranchissement. Pour progresser en tant qu’espèce « avancée », nous devrions prendre conscience que le leadership outrancier, la vision idéalisée de « guides » qui n’ont de supérieur que leur instinct de domination, ne fera jamais que répéter les tragédies qui ont jalonné notre histoire. Nous sommes au XXIe siècle, la pauvreté est de plus en plus généralisée, la richesse et le pouvoir de plus en plus concentrés, le saccage environnemental de plus en plus catastrophique, mais nous continuons de confier la gestion du monde à une poignée de leaders qui finissent tous par développer le même syndrome une fois sur le trône, et de nous appuyer sur des idées qui ont déjà maintes fois démontré leur haut niveau de létalité.
Condamnée à tourner en rond.
Et voilà qu’à présent, en grande rêveuse infantile et reptilienne conquérante, l’Humanité envisage de gagner les étoiles. De découvrir un ailleurs et de s’y installer, alors qu’elle n’est parvenue à réaliser qu’une chose dans sa courte vie : saccager le monde parfait dans lequel elle est née. Sans vergogne ni complexe, la voilà qui se projette avec fierté en voyageuse de l’espace, envisageant sans doute déjà, de façon plus ou moins consciente, son échec sur sa propre planète, et tentant d’y échapper, non pas en travaillant sur ses erreurs, mais en s’apprêtant à les réitérer, ailleurs. Dans son immense orgueil, même lorsqu’elle admet la probabilité qu’elle n’est pas la seule espèce « intelligente » dans l’univers, que cherche-t-elle pour localiser une autre vie « civilisée » ? Des traces de pollution. Car à ses yeux, il n’est pas possible que d’autres aient pu faire mieux. Il n’y a pas d’autres voies que celle qu’elle conçoit.
Condamnée à détruire.
Le jugement est implacable. L’Humanité est indigne de son potentiel, indigne de ses conditions de naissance… et sans doute, après tous ses essais manqués, indigne de perdurer. Bien que de « bons éléments » soient présents en son sein, prometteurs et révélateurs d’une possible grandeur, rien ne change jamais vraiment. Elle reste enfermée dans sa boucle et se refuse à en sortir. Le monde qu’elle crée et entretient reste celui de la guerre, à tous niveaux, sous toutes ses formes. Le bien commun n’a pas sa place dans un cerveau reptilien.
La pérennité de l’Humanité ne passe ni par la maitrise de son environnement ni par celle de ses semblables, mais par sa maitrise d’elle-même. Et cela, elle ne l’a toujours pas compris.
Condamnée à échouer.
A moins que, par instinct de survie, elle ne soit subitement prise d’un éveil globalisé…
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